« Le coude appuyé sur la table. Le menton dodelinant dans sa main au bout de son bras. Fragile équilibre qui se maintient toute la matinée. Puis, juste avant l’heure de la pause, la tête de l’homme se décroche de la paume et vient frapper lourdement le bureau. Risques du métier, me direz-vous, mais une fois encore un fonctionnaire s’est tué au travail. » (Source : Les Nuls, 1987-1992).
Coude, d’abord sous les formes cute, cote et code, vient, au 14e siècle, du latin cubitus « pliure du bras » et « mesure de longueur », qui, en vieux français, fournira coudée, soit environ 50 cm.
En anatomie, le mot désigne l’articulation du bras et de l’avant-bras, et spécialement, la partie extérieure qui fait saillie : os du coude, coude pointu, coude éraflé, muscles fléchisseurs du coude, luxation du coude ou tennis-elbow.
Par métonymie, il désigne l’endroit de la manche d’un vêtement correspondant au coude : veston troué au coude. Par analogie de forme, il décrit l’angle saillant que présentent certains objets à l’endroit où ils changent brusquement de direction : coude de baïonnette, coude d’un mur, raccord (de tuyau) en coude. En particulier, à propos d’un cours d’eau ou d’une voie de communication : coude d’une rivière, coude d’une route, coude d’un corridor. « Vers sept heures du matin, à un coude du Nil, les Pyramides apparurent subitement, dessinées par le soleil levant. » (Maxime Du Camp, Le Nil : Égypte et Nubie, 1854). Spécifiquement, le coude d’un cep de vigne est l’endroit où naît le sarment qui porte du raisin.
Dès le moyen français, période qui s’étend du 14e au 16e siècle, il fournit des locutions, plusieurs étant encore usuelles : jusqu’au coude, sans réserve, complètement, se fourrer le doigt dans l’œil jusqu’au coude, se tromper lourdement, s’en mettre jusqu’au coude, manger énormément, jouer du coude, tenter d’avancer à travers une foule en écartant ses voisins avec les coudes et, au figuré, tenter de parvenir à ses fins en évinçant les importuns par des manœuvres habiles, coude à coude, côte à côte, grande proximité ou solidaires l’un de l’autre, donner un coup de coude, heurter quelqu’un, pousser du coude, avertir (quelqu’un) par un signe discret, se tenir ou se serrer les coudes, être très proche l’un de l’autre et, au figuré, s’entraider, se soutenir mutuellement dans une tâche commune, lâcher le coude (à quelqu’un), le laisser en paix, mettre les coudes sur la table, avoir une attitude peu correcte à table, lever le coude, boire beaucoup, ne pas se moucher du coude, par ironie, être riche ou prétentieux, mettre de l’huile de coude, travailler avec énergie, fournir un gros effort musculaire, sous le coude, en attente. Au Québec, être bloqué dans le coude signifiait souffrir de constipation.
Outre coudée, les autres dérivés sont couder, coudure, coudoyer, coudoiement, et, par préfixation, accouder, s’accouder, accoudoir, accoudement et appui-coude.
Devoir
Quelle expression familière est synonyme d’huile de coude?
Huile de b _ _ _.
Réponse
Huile de bras, expression qui appartient à l’argot parisien du 19e siècle. On disait aussi huile de poignet qui est sortie d’usage, sans doute par analogie avec la masturbation!